John Cockerill : des générateurs de vapeur au stockage par batterie et à l'hydrogène vert

John Cockerill est une entreprise belge d'ingénierie employant plus de 5 000 travailleurs à travers le monde. Celle-ci veut jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique, notamment dans les domaines du stockage par batterie à grande échelle, de la mobilité verte et de l’hydrogène vert, que beaucoup considèrent comme l’énergie du futur.
Dieter Hasevoets, Senior Vice President du département Integrated Renewable Solutions : « Historiquement, John Cockerill est surtout connue dans le domaine de l'énergie pour ses chaudières de récupération et ses chaudières industrielles. Depuis 10 ans, nous mettons notre expérience en ingénierie à profit pour développer des technologies innovantes dans le domaine des énergies renouvelables. Notre département des énergies renouvelables est passé de 60 à 200 personnes l'année dernière. »
Opportunités commerciales
Le premier grand projet de John Cockerill dans le domaine des énergies renouvelables était un récepteur solaire pour une centrale solaire à concentration (CSP) de 50 MWe, vendu en 2012. M. Hasevoets : « Des milliers de miroirs captent la lumière du soleil et la transmettent à un récepteur situé sur une tour de 200 mètres. L'énergie thermique y est alors utilisée pour produire de la vapeur, qui actionne ensuite une turbine et génère de l'électricité. Dans les projets suivants, nous avons choisi de chauffer le sel liquide dans le récepteur à plus de 550 °C. Le stockage de ce liquide dans un grand réservoir nous a permis de produire de l'énergie jour et nuit grâce à un générateur de vapeur et une turbine à vapeur. »
« Nous avons déjà vendu cinq récepteurs solaires au Moyen-Orient, au Chili, en Chine et en Afrique du Sud : deux pour des installations ayant une capacité électrique de 50 MW, et trois de 100 MWe. Dans les pays chauds, l'énergie solaire est souvent la forme d'énergie la moins chère. Nous misons sur les énergies renouvelables, non seulement parce que nous souhaitons apporter des solutions aux grands défis de notre époque, mais aussi parce que nous y voyons des opportunités commerciales.»
« Outre l'énergie solaire, nous travaillons également au stockage de l'énergie verte. Nous y parvenons grâce à des systèmes de batteries à l'échelle industrielle. Les véhicules électriques jouent un rôle crucial à cet égard. Nous disposons déjà de plus de 90 bornes de recharge électrique sur notre site de Seraing, qui sont reliées à notre installation MiRIS : 2 MW PV, 4 MWh de stockage par batterie, des générateurs de secours et notre Energy Management System développé en interne. Nous avons récemment installé deux autres chargeurs à courant continu (CC) de 350 kW et 75 kW pour les camions et les bus électriques. Nous proposons également ces solutions intégrées à nos clients. En collaboration avec Renewi, une entreprise de gestion des déchets, nous testons déjà des véhicules électriques de collecte des déchets à zéro émission. »
« Nous préférons aborder de tels projets de manière intégrée. Nous ne nous limitons pas à la mobilité, par exemple, mais aidons le client à rendre plus verts tous les aspects de son processus de production. Cela ne doit pas nécessairement avoir lieu en une seule fois. Nous examinons l'ensemble de la chaîne de valeur et voyons où le client peut progresser. »
Le potentiel de l'hydrogène vert
Ces dernières années, John Cockerill a beaucoup investi dans l'hydrogène, que beaucoup considèrent comme l'énergie de l'avenir. L'entreprise est leader du marché de l'électrolyse alcaline pour la production d'hydrogène, avec plus de 1 000 références dans plus de 30 pays, jusqu'à 6,5 MW par stack. Elle participe également à des projets d’hydrogène vert, où l'électrolyse est réalisée à partir d'énergies renouvelables. Dans ce cas, aucun CO2 n'est libéré et nous parlons d'hydrogène vert.
« L'hydrogène vert peut jouer un rôle important dans la décarbonisation de notre industrie, de la mobilité et de la production d'énergie», explique M. Hasevoets. « Pour l'instant, cette technologie ne bénéficie pas encore des subventions adéquates, mais pour le transport de marchandises sur de longues distances, soit sur plus de 300 kilomètres, l'hydrogène finira par être plus intéressant que l'électricité. Grâce aux économies d'échelle et à la baisse du coût de l'énergie, le coût du H2 va baisser. »
« John Cockerill est idéalement placée pour jouer un rôle dans la transition énergétique. Nous voulons apporter des solutions innovantes et être à l'avant-garde dans notre domaine. »
Dieter Hasevoets, Senior Vice President du département Integrated Renewable Solutions
« L'industrie est le plus grand consommateur d'hydrogène gazeux, principalement pour le raffinage du pétrole et la production d'ammoniac pour les engrais », précise Olivier Monseur, analyste stratégique. « Aujourd'hui, plus de 99 % de l'hydrogène est produit par synthèse du gaz naturel, avec un impact élevé sur les émissions de CO2. Il s’agit alors de l'hydrogène "gris" classique. Remplacer ce procédé polluant par une solution plus écologique, l'électrolyse, sera un défi majeur. En outre, l'hydrogène vert peut également être la solution pour décarboniser les industries lourdes telles que l'acier, qui représentent près de 10 % des émissions mondiales de CO2. À elle seule, l'industrie sidérurgique aurait besoin d'environ 500 GW d'électrolyseurs pour remplacer par l'hydrogène ses activités dépendantes du gaz et du charbon. Actuellement, les électrolyseurs du monde entier fournissent moins de 1 GW. »
M. Hasevoets : « Un troisième grand marché pour l'hydrogène vert est la production d'énergie elle-même. Des entreprises comme Fluxys et Fluvius pourraient, dans un premier temps, mélanger du gaz naturel avec jusqu'à 10 % d'hydrogène vert. On obtient ainsi un gaz naturel plus vert. Le réseau est déjà là, ce qui constitue un avantage non négligeable. À un stade ultérieur, on pourrait passer exclusivement à du H2 vert, mais le réseau nécessiterait alors des changements majeurs. »
M. Monseur : « Nous assistons déjà à une augmentation exponentielle de l'utilisation de l'hydrogène dans le monde, avec un boom sans précédent des commandes et des capacités de production. En 2021, la production mondiale d'électrolyseurs a atteint 450 MW, la part de marché de John Cockerill étant de 33 %. Les économistes prévoient que ce chiffre augmentera à nouveau en 2022, pour atteindre 1 600 MW. De nombreux pays et régions ont élaboré des feuilles de route ambitieuses pour la production d'hydrogène. Par exemple, l'Europe vise à installer une capacité d’environ 40 GW d'ici à 2030. »
M. Hasevoets : « La transition énergétique est en plein essor et offre des opportunités commerciales majeures ayant un impact réel sur le climat et une société durable. Grâce à sa grande expérience de dans les domaines de l’ingénierie et des projets énergétiques, John Cockerill est amenée à y jouer un rôle de premier plan. Nous voulons être à la pointe dans notre domaine et être un précurseur, pas un suiveur. »